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Elargissement de l’Union Européenne: Vers un nouvel espace de solidarité et de coopération
Notre Europe a organisé un séminaire les 21 et 22 février 2002 à Varsovie en collaboration avec Fondation Lucchini (Brescia). Les travaux ont principalement porté sur l’élargissement à venir de l’Union européenne. Notre Europe vous en propose la synthèse, ouverte par une préface de Jacques Delors.
| 21/02/2002
AVANT-PROPOS DE JACQUES DELORS
(documents préparatoires à la fin du texte)
A mesure que se rapproche l’échéance de 2004, je suis de plus en plus convaincu que la réussite de l’élargissement vers l’est constitue le plus grand projet et le plus exaltant pour l’Union européenne dans les 15 prochaines années. Pourtant, Aujourd’hui le manque d’enthousiasme caractérise nos opinions publiques. Souvent les citoyens des Quinze craignent qu’en accueillant de nouveaux membres la grande Europe se transforme en une simple zone de libre échange. Des inquiétudes comparables sont perceptibles à l’Est : alors que le but est proche, on sent poindre une certaine lassitude, notamment parmi les jeunes.
Nous devons prendre ces craintes au sérieux et proposer des réponses cohérentes, après avoir fait un diagnostic objectif des obstacles et des opportunités que l’Union à 25 ou à 27 rencontrera dans les 10 ans à venir. C’est dans ce but que Notre Europe et la Fondation Lucchini ont organisé ce séminaire avec les autorités polonaises. Je me réjouis que cette réunion ait atteint son objectif et permis de bien identifier les problèmes et les outils à notre disposition pour les résoudre. Reste à répondre à l’impatience de Bronislaw Geremek, ce que je fais volontiers car cette impatience me paraît totalement justifiée. Oui, nous devons préparer sans tarder l’après-élargissement si nous voulons faire de la grande Europe un espace de solidarité et de coopération.
Nous ne devons pas seulement procéder à des réformes institutionnelles sur lesquelles travaille la Convention, ou définir de nouvelles perspectives budgétaires – bien que les moyens financiers soient importants et que l’octroi de montants insuffisants risque de nourrir des rancoeurs durables et de laisser des problèmes longtemps irrésolus. Nous devons aussi mobiliser nos forces sur trois chantiers qui sont, à mon avis, les conditions cruciales de la réussite de l’élargissement.
Premièrement, il est grand temps pour les pays candidats de choisir quel rôle ils entendent individuellement et collectivement occuper dans l’UE à 27, en répondant à la question : Quel développement économique et social voulons-nous promouvoir pour notre pays, nos régions et nos villes ? Cette capacité de projection dans l’avenir est le point de départ d’une mobilisation de la population et des acteurs économiques et politiques. Elle est une condition nécessaire sans laquelle les Fonds structurels et les autres transferts de l’UE ne serviront à rien et risquent au contraire de les placer dans une logique de dépendance de manière durable.
Deuxièmement, l’Union doit renforcer son message et sa pratique en matière de coopération : cette dimension de la construction européenne reste mal connue et mal comprise. Il ne s’agit pas pour l’Europe de se mêler de tout, mais d’encourager les acteurs à tous les niveaux à travailler ensemble pour progresser. Je crois que l’analyse de 1986 qui consistait à considérer la politique de cohésion comme une condition nécessaire au bon fonctionnement du marché intérieur reste pleinement valable. s’il faut l’actualiser et l’approfondir C’est en ayant conscience que sa réussite ne tient pas seulement à des transferts de fonds, mais bien à des méthodes de travail. La solidarité doit être accompagnée de la coopération.
Troisièmement, nous devons parvenir à combiner la valorisation des diversités avec la maîtrise des dérives nationalistes ou populistes. Il importe de sauvegarder l’acquis communautaire en tant qu’émanation d’une pratique qui a su transcender ces égoà¯smes et ces fiertés mal placées parfois arrogantes ou obtuses. Nous devons nous méfier de la tentation, sous couvert de préserver les identités ou les finances nationales, de revenir en arrière sur les acquis de la pratique communautaire. Renationaliser les politiques communes serait à n’en pas douter un recul pour la maturité politique de l’Europe et pour sa compétitivité économique.
Je suis persuadé qu’en ouvrant ces trois chantiers et qu’en anticipant les problèmes, nous ferons oeuvre utile pour que l’Union européenne de demain demeure un grand espace combinant la compétition, la coopération et la solidarité, un exemple aussi de gestion des interdépendances et de maîtrise de la globalisation.
DOCUMENTS PREPARATOIRES
Le programme : lire le fichier pdf
Contributions :
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Marjorie Jouen, « L’expérience communautaire : un atout pour la future Union à 27 ». [ire]
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Françoise Lemoine, « Les effets de l’élargissement à l’Est sur l’économie des Quinze ». [lire]
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Jiri Pehe, « Quel pourrait être l’apport des nouveaux membres à l’Union européenne ? ». [lire]
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Andréa Szalavetz, »Deux aspects négligés de l’élargissement : la rationalisation et la spécialisation ». [lire]
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Jan Szomburg, « Solidarité des politiques et la redistribution ». [lire]
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Christian Weise, « Les facteurs d’instabilité et d’inégalité : les problèmes vus des Quinze ». [lire]