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Gouvernements et institutions internationales face à la dette des pays du Sud
Discours de Jacques Delors lors du Colloque « In debito di giustizia », Milan, le 3 février 2001
Discours de Jacques Delors lors du Colloque « In debito di giustizia », Milan, le 3 février 2001
Les promoteurs de cette action en faveur des plus pauvres doivent être salués. Ils savent que le combat ne fait que commencer, tout d’abord pour dénoncer la distance énorme, scandaleuse, qui sépare les déclarations des grands de ce monde des résultats minimes obtenus jusqu’à présent. Je rappellerai, entre autres, les conclusions du sommet social organisé par l’organisation des Nations Unies en 1995 à Copenhague. J’en retiendrai, pour illustrer mon propos, l’inspiration générale.
Remettre la personne humaine au centre de toutes les politiques et actions visant au développement économique et au progrès social.
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Se fonder sur une conception historique de la personne.
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S’engager, en particulier, à faire aux pays en voie de développement une place conforme à nos principes, et à cette fin, venir en aide aux pays pauvres.
Le cinquième anniversaire de cette conférence commémorée à Genève s’est déroulé, hélas, dans une certaine indifférence et souligne, par conséquent, l’inadéquation de l’organisation mondiale par rapport aux finalités qu’elle proclame.
Au surplus, le discours dominant, en matière économique, s’appuie sur une idéologie néolibérale, le laisserfaire, le laisser-passer, qui est de plus en plus contestée, mais pas au point d’en revenir à une saine conception de l’égalité entre tous les hommes, sans exception. Le constat demeure donc assez désespérant. La pauvreté ne diminue pas, elle augmente même dans les pays riches. Alors qu’une nouvelle révolution scientifique et technique stimule la croissance économique mondiale et en bouleverse les données, la fracture se creuse entre les « have » et les « have not ».
Soyons réalistes. La pauvreté est un phénomène cumulatif qui exige une thérapie tous azimuts, et pas seulement la réduction de la dette des pays pauvres. La responsabilité des puissants et des riches est engagée, mais aussi celle des pays en voie de développement qui doivent modifier leurs comportements en matière de gestion des finances publiques, de lutte contre la corruption, de développement des biens collectifs tels qu’éducation, santé, infrastructure…).
Un tel constat doit nous conduire à une réflexion sur les moyens de maîtriser la globalisation et de créer les bases d’un ordre mondial plus équitable. Je vous proposerai, à cet effet, quelques réflexions qui tournent autour de cette question centrale. Comment renforcer la sécurité économique, facteur indiscutable de paix, avec le souci de justice sociale et d’égalité des chances.
Mais auparavant, il convient de faire un point précis sur les dernières initiatives en matière d’allégement de la dette. Les procédures sont longues, trop longues pour ceux qui souffrent de la faim, de la maladie, de l’analphabétisme. Quelques résultats limités ont été obtenus. Prenons-en acte et poursuivons le travail militant.