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Entretien avec António Vitorino à l’occasion des Conseil et Sommet européens du 23 octobre 2011

A l’occasion des Conseil et sommets européens du 23 octobre 2011, António Vitorino, Président de Notre Europe, prend position sur les crises de la dette et de la zone euro, la gestion des fonds structurels, l’action de l’UE au niveau international, l’espace Schengen et le programme alimentaire aux plus démunis.

A l’occasion des Conseil et sommets européens du 23 octobre 2011, António Vitorino, Président de Notre Europe, prend position sur les crises de la dette et de la zone euro, la gestion des fonds structurels, l’action de l’UE au niveau international, l’espace Schengen et le programme alimentaire aux plus démunis.

1 – Que pensez-vous de la façon dont les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont traité la crise de la dette au cours des derniers mois ? Comment percevez-vous les évolutions des différents pays, et notamment de l’Allemagne ?

Depuis le début de la crise de la dette dans la zone euro, les chefs d’Etats et de Gouvernement ont avancé dans la bonne direction, mais il n’a pas toujours été aisé de percevoir laquelle… Les mesures d’urgence prises pour gérer la crise actuelle ont été conciliées avec des initiatives visant à renforcer l’architecture de l’UEM, notamment en termes de prévention et de gestion d’éventuelles crises futures. Les Etats membres ont fait preuve de solidarité envers les pays les plus fragilisés – il faut d’ailleurs rappeler que cette solidarité n’exprime pas un geste de générosité purement sentimentale, mais qu’elle traduit aussi la défense d’intérêts bien compris. En aidant la Grèce et les autres pays de la zone euro touchés par la crise de la dette publique, les Etats membres défendent la stabilité de leur monnaie et protègent leurs banques et leurs citoyens.

L’UE et ses Etats membres avancent donc dans la bonne direction, mais en agissant souvent trop peu et trop tard, et la réponse européenne n’a pas réussi à éviter l’effet de contagion, dans un contexte ou trop de voix dissonantes s’expriment à Bruxelles et dans les capitales nationales. Le rythme de décision des Chefs d’Etats et de Gouvernement est manifestement insuffisant par rapport aux exigences des marchés, ce qui affaiblit leur crédibilité et l’efficacité de leur action. Cela ne fait que renforcer la nécessité d’une « chaîne de commandement » plus efficace face à la crise, et qui puisse répartir clairement les tâches entre tous les acteurs concernés.

S’agissant de l’Allemagne, on peut bien sûr relever qu’elle a une part de responsabilité dans les hésitations européennes face à la crise. Si on observe la position des Etats membres de la zone euro depuis trois ou quatre ans, on doit cependant souligner que c’est l’Allemagne qui a le plus évolué d’un point de vue doctrinal et politique, et qui a également fait le plus d’efforts financiers. J’observe aussi que, depuis quelques mois, c’est l’Allemagne qui affirme le plus clairement qu’une stratégie globale de sortie de crise doit inclure une mise à contribution des acteurs financiers, sous une forme ou sous une autre : ce sont les autres pays qui sont parfois sur la défensive de ce point de vue, et qui freinent le processus de décision européen.

2 – Pensez-vous que la zone euro est désormais dans une situation plus favorable qu’il y a 6 mois? Que faire en matière de recapitalisation des banques ?

Il y a six mois, la crise de la dette souveraine touchait trois pays, qui ne représentent que 6% de l’économie de la zone euro. En contrepartie des aides européennes, ces pays ont engagé les efforts d’ajustement nécessaires, qui prendront du temps à produire leurs effets. Mais le temps perdu au niveau européen a fait que la crise touche désormais l’Espagne et l’Italie, qui représentent respectivement 12% et 16% du PIB de la zone euro. Ceci change considérablement l’ampleur du problème : aujourd’hui c’est environ un tiers de l’économie de la zone euro qui est sous la pression des marchés. La situation s’est aggravée, on ne peut guère le contester. Et ce d’autant moins que la crise de la dette souveraine engendre une défiance qui a désormais des conséquences très négatives sur les systèmes bancaires.

Malgré cela, il y a des évolutions positives à signaler. La Banque centrale européenne continue de faire preuve d’un activisme bienvenu, comme depuis le début de la crise. Les mesures adoptées le 21 juillet

concernant le Fonds Européen de Stabilité Financière viennent d’entrer en vigueur, ce qui lui permet désormais d’intervenir sur le marché secondaire de la dette souveraine et de contribuer à la recapitalisation des banques en difficulté. Le FESF et la BCE vont donc intervenir massivement, mais l’UE ne peut et ne doit pas tout faire, ne serait-ce que parce que ses pays membres, bien qu’interdépendants, sont dans des situations différentes.

S’agissant de la recapitalisation des banques, qui constitue désormais le sujet clé, les Etats membres doivent donc aussi agir à leur propre niveau et prendre leurs responsabilités, en étant conscients que les

réponses ponctuelles, au cas par cas, ne rassurent pas les marchés. Il leur faut le faire d’une manière coordonnée, afin que leurs interventions n’engendrent pas des phénomènes de défiance du point de

vue des consommateurs ou en termes de concurrence déloyale. L’appel à des capitaux privés ne peut pas non plus être exclu par principe.

Pour lire l’intégralité de l’entretien, télécharger la pièce jointe.

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