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Quelles pages tourner en 2021 ?
Plusieurs pages vont se tourner en 2021, plus ou moins complètement. On n’ose pas pronostiquer, à ce stade, quand sera tournée celle du Covid, qui sévit encore tant sur notre continent. La remarquable coopération européenne pour la campagne de vaccination, lancée de concert après Noël, peut cependant laisser aujourd’hui espérer une possible fin de la pandémie d’ici à l’été.
Plus assurément, l’année a commencé de tourner la page du Brexit. Des crises traversées par l’UE ces dix dernières années, celle-ci est la plus singulièrement européenne. Elle ne se déroule pas seulement en Europe, son sujet est l’Europe. Du procès instruit par les Brexiters contre l’Union, le verdict de l’Histoire sera long avant d’être donné au complet. Mais il montre déjà qu’une défense absolutiste de la souveraineté nationale n’a guère de sens face à tant d’interdépendance économique et de proximité géographique. Reste qu’aussi regrettable soit-elle, la sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’UE montre au grand jour la nature foncièrement démocratique de la construction européenne, qui est tout sauf impériale. Le Brexit va aussi éprouver la démocratie britannique elle-même, où l’Ecosse s’interroge sur sa place.
En ce mois de janvier, les yeux du monde sont d’abord rivés vers la démocratie américaine. Les résultats des dernières élections rappellent que la page Trump y est loin d’être entièrement tournée. Mais l’arrivée de l’administration Biden augure d’une relation plus prévisible entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Les Vingt-Sept retiennent toutefois de l’ère Trump la nécessité d’affirmer leur « autonomie stratégique ».
L’engagement de cette autonomie dépendra en partie des résultats d’autres élections très attendues dans l’année, celles des législatives allemandes du 26 septembre, qui décideront de la succession d’Angela Merkel. Le départ de la chancelière, après 15 ans de pouvoir, va tourner une page bien sûr outre-Rhin mais aussi dans l’Union. En particulier au Conseil européen, où elle joue souvent un rôle clé dans la conclusion d’accords. L’orientation de l’Allemagne post-Merkel sera à scruter de très près en 2021.
Avec ses ‘sœurs’ de Berlin et de Bruelles, l’Institut Jacques Delors à Paris inscrit sa réflexion dans le cadre mouvant de ces transitions. Internes ou externes à l’Union, toutes ont prise sur la conduite des politiques européennes, qu’elles soient budgétaire, commerciale, sociale, énergétique, industrielle ou encore migratoire. Elles soumettent à de nouveaux défis ses institutions et leur gouvernance. Elles appellent des décryptages, des bilans, des mises en perspective et des propositions, qui seront au centre des activités de notre think tank pour « penser l’Europe », selon notre devise commune.
Année charnière donc, 2021 sera aussi une année anniversaire pour notre Institut, celle de ses 25 ans. L’occasion d’affirmer, au-delà des transitions et contingences, nos fondamentaux deloriens pour l’Europe d’aujourd’hui : réussir une relance verte et solidaire, bâtir une puissance responsable et consolider l’appartenance à une Union fidèle à son identité. De belles pages à écrire.