Rapport

L’Allemagne et l’Europe : nouvelle donne ou déjà vu?

L’objectif de cette étude est d’expliquer les dynamiques internes à l’Allemagne qui influenceront sa présidence de l’UE et de montrer les voies par lesquelles l’Allemagne pourra retrouver la dynamique et l’engagement pour l’intégration européenne qu’elle avait autrefois.

Durant des années, l’Allemagne fut le pays meneur de l’Europe, s’y épanouissant et s’effacant pour elle, garantissant par là son intérêt primordial et fondamental : une entente pacifique avec ses voisins. Elle fut également la seule à lier un engagement pro-européen à une forte relation transatlantique. Mais depuis les discussions sur l’Euro et le traité d’Amsterdam, des brèches sont apparues dans le discours européen de l’Allemagne.

Sous le chancellier Schröder, le ton et le schéma de la politique européenne de l’Allemagne ont évolué : la composante « nationale » de l’Allemagne au sein de l’Europe a été renforcée et, lors de la guerre d’Irak, l’Allemagne, aux côtés de la France, s’est opposée aux Etats-Unis. Dans le gouvernement, dans la population, comme au sein des partis, l’idée selon laquelle il n’y a jamais « assez d’Europe » semble avoir perdu de sa force.

Pourtant, la présidence allemande de l’Europe, de janvier à juin 2007, doit relever de nombreux défis et porte beaucoup d’enjeux. Il s’agit de sortir l’Europe de la crise constitutionnelle profonde dans laquelle elle est plongée, et de redynamiser un élargissement qui s’essoufle. Mais un espace béant sépare les attentes de la marge de manoeuvre effective de l’Allemagne. Les élections francaises, la menace d’une crise internationale, réduisent encore les possibilités d’action de l’Allemagne.

Il faudra pourtant faire avancer des dossiers essentiels : les questions liées à l’agenda de Lisbonne, l’énergie, la relance de la Constitution, mais aussi les questions de justice et de sécurité, les problèmes des politiques migratoires et la lutte antiterroriste. L’ensemble des questions relatives à la politique de voisinage de l’Union européenne, le développement d’une stratégie européenne en Asie centrale seront d’autres points cruciaux.

Enfin, il s’agira d’entamer la préparation de la révision de « l’accord de partenariat et de coopération avec la Russie », qui sera reconduit en Novembre 2007.

L’agenda est donc à la fois chargé et complexe. Pour ce qui est de la question institutionnelle, la présidence allemande tient à conserver autant de substance que possible du premier essai de constitution. Mais devant l’étendue de la crise, le gouvernement allemand ne veut pas faire dépendre la réussite de sa présidence de l’Union d’une avancée dans ce domaine. Il souhaite au contraire concentrer ses efforts dans certains domaines plus pratiques, pour y obtenir des progrès notables : la politique énergétique, la politique à l’égard de la Russie et la politique de voisinnage tiennent là une place centrale.

Parler de la politique européenne de L’Allemagne, ne peut pas se faire sans évoquer sa relation avec la France. Dans un contexte européen nouveau, cette relation doit se renouveller. Pour trouver un nouvel élan, la coopération franco-allemande doit s’ouvrir aux autres Etats de l’Union, grands et petits. Dans les domaines délicats de la politique énergétique, de la politique de voisinage et de la politique envers la Russie, des initiatives exclusivement franco-allemandes seraient fatales. La France et l’Allemagne doivent également s’ouvrir aux débats plus ouverts, orientés sur la politique internationale que l’on trouve dans d’autres pays européens. Les concepts majeurs du débat actuel sur l’Europe en France et en Allemagne véhiculent une image plutôt rigide de l’Europe comme ensemble homogène, fini, dont il faudrait définir une fois pour toutes les objectifs et les frontières. Or, la force de l’Union réside dans sa capacité à changer, à s’adapter à de nouveaux défis et à de nouvelles occasions.

Les deux éléments fondamentaux pour le futur de l’Europe, défense et énergie, demandent un esprit d’ouverture, et non un mouvement de repli. Ils nécessitent en même temps une définition claire des intérêts de toute l’Europe, et pas uniquement des intérêts nationaux ou franco-allemands. Il appartiendra à un nouveau tandem franco-allemand de définir les réponses concrètes à apporter à ces défis.

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