Policy Paper 20

Les Relations UE-Russie : Moscou pose ses conditions

Entre la Russie et l’UE, les relations se tendent. Ces dernières années, C’est essentiellement sur le plan politique que les divergences ont été les plus explicites. Le Président Vladimir Poutine, dès les débuts de son mandat en 2000, s’est employé à établir ou rétablir le contrôle de l’Etat sur l’ensemble des organes et pratiques devant consolider la démocratie émergente en Russie. Aujourd’hui, la situation politique permet ainsi difficilement d’assurer un fonctionnement libéral des institutions, ce qui ne va pas sans poser certaines difficultés de gestion aux partenaires européens de la Russie, qui ont à concilier valeurs démocratiques et pragmatisme économique.

Depuis peu, les tensions russo-européennes gagnent le secteur stratégique de l’énergie. La récente crise gazière en Ukraine a largement mis en doute, aux yeux des Européens, la fiabilité des approvisionnements en provenance de Russie.

Le partenariat, depuis 2000, n’a jamais eu de réelle consistance politique, en dépit des multiples déclarations de bonnes intentions. La relation, en fait, a fonctionné au ralenti. Il ne s’agit ainsi pas seulement Aujourd’hui de faire aboutir les dialogues initiés, mais de donner un nouveau souffle aux perspectives russo-européennes. l’UE, en particulier, semble avoir pris conscience de cette double nécessité, de relance et de concrétisation des projets communs, comme le laisse supposer l’initiative de la Commission de conclure avec la Russie à l’horizon 2007 un accord cadre de coopération en matière énergétique.

Le Kremlin, qui comprend qu’une partie de son avenir se joue dans le cadre d’une relation renouvelée avec l’UE, n’entend pas se laisser dicter sa conduite et les termes de son engagement. Moscou pose des conditions à un partenariat ambitieux avec l’Europe. l’Union, cependant, n’a pas à avoir peur de la Russie et d’une négociation qui pourrait s’avérer délicate. Elle dispose de leviers de pression, notamment commerciaux, sur un partenaire parfois trop exigeant. Il ne faudrait pas réduire, cela étant, les termes du « marchandage » diplomatique à cette dichotomie trop évidente : prospérité économique contre ouverture politique. Il faut y inclure également la nécessité d’un dialogue énergétique efficace et la formalisation d’une politique étrangère européenne (ou politique européenne de voisinage) dont l’aire géographique correspond exactement à « l’étranger proche » russe.

L’UE fournit déjà les premiers efforts en ce sens. Il est prévu à l’horizon 2007-2012 de remplacer Tacis, qui a été jusqu’alors l’instrument principal des engagements européens en Russie, par une formule nouvelle, « l’instrument européen de partenariat et de voisinage », en cours de finalisation, qui devrait assurer une meilleure allocation et effectivité des fonds à l’extérieur, notamment en Russie. Il s’agit pour l’UE de renforcer les coopérations avec la Russie sur quelques secteurs bien choisis, en garantissant une continuité dans la conduite et mise en valeur des projets. l’idée est de moins proposer pour soutenir davantage et valoriser énergiquement des programmes russes de reconstruction, de relance ou d’assistance, en évitant au mieux les problèmes de corruption encore répandus dans les administrations fédérale et régionales russes, en particulier dans le Caucase Nord. Cet instrument servira également à la mise en oeuvre de quatre espaces de coopération : économie, justice et affaires intérieures, sécurité extérieure et recherche, éducation et culture.

Cette initiative, encore trop timide, ne fait cependant que proposer un nouvel outil formel. Il semble nécessaire aussi que l’Union s’engage sur des projets de fond, concrets, sur deux domaines essentiellement la coopération géographique centrée sur une zone spécifique, qui englobe plusieurs thématiques, dont la dimension septentrionale de l’UE offre un exemple réussi ; et la gestion commune des crises :

  • Coopération géographique sur le Caucase, nord et sud
  • Résolution commune du conflit en Moldavie/ Transdniestrie
  • Politique commune européenne de sécurité énergétique
  • Formalisation d’une politique étrangère commune européenne vers la Russie

Une politique étrangère commune de l’Union européenne envers la Russie préfigurerait ainsi la généralisation européenne d’une politique étrangère et de sécurité commune.

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