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UNE VÉRITÉ A PARIS, UNE AUTRE VÉRITÉ A STRASBOURG
Chronique publiée en partenariat avec L’Opinion
Lors de la semaine du 15 juillet, suite aux élections européennes de juin et à la dissolution, deux Parlements se sont constitués: le Parlement européen et l’Assemblée nationale. Le contraste est saisissant.
Les élections européennes, qui se tiennent tous les 5 ans dans 27 pays simultanément, se déroulent selon le scrutin proportionnel à un tour. Il en résulte une photographie précise des rapports de force politiques à l’échelle européenne, même si la participation ne fut en 2024 que de 51%, en progression néanmoins depuis deux élections.
Il est frappant de constater que les deux principales familles politiques que sont le PPE (centre droit, au sein duquel siègent les élus de LR, devenu la droite républicaine) et le PSE (à l’intérieur duquel siègent les élus du PS et de Place publique) conservent la première et la seconde place (respectivement 188 et 136 sièges). Jusqu’en 2019, ils détenaient même la majorité absolue à eux deux.
Depuis 2019, la troisième force politique du Centre (Renew, au sein duquel siègent les élus de la majorité présidentielle) s’est ajoutée à ce duopole pour constituer une « grande coalition » majoritaire pro européenne, qui s’est confirmée en 2024, mais légèrement réduite (401 députés sur 720). Le clivage entre les pro et les anti européens, pour simplifier, structure en effet largement la vie politique européenne.
C’est ainsi qu’au Parlement européen, qui dispose de pouvoirs législatifs et budgétaires importants, et élit la Commission européenne, rien ne peut se décider sans que des alliances se forment, des compromis soient élaborés. Les trois familles politiques négocient sans cesse au quotidien, sans pour autant perdre leur identité propre, mais en acceptant de faire des efforts réciproques. Ce qui n’exclut pas des tensions, ou l’adoption parfois de textes avec des majorités alternatives. Le groupe des Verts se rallie souvent à cette majorité pro européenne.
Ce sont ces quatre familles politiques, malgré quelques dissidences (notamment de la part des élus français des Verts et de la droite républicaine), qui ont permis la réélection de Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Cette pratique des coalitions, cette culture du compromis, traditionnelles à l’échelle européenne et mises en œuvre dans de nombreux pays, ne se retrouvent pas en France ! Voici pourquoi le contraste est saisissant. Les Français pourraient-ils s’inspirer de ces pratiques européennes ?
Mais le Parlement européen est aussi le reflet de la diversité des extrêmes droites, représentées par trois groupes politiques. Même si le nouveau groupe « les patriotes pour l’Europe » a réussi à rassembler 87 élus, ceux-ci vont du Rassemblement national (majoritaire), au parti de M. Orban, en passant par les partis d’extrême droite italien, espagnol, portugais, néerlandais. Un nouveau petit groupe (25 députes) s’est constitué autour du parti d’extrême droite allemande, l’AFD, avec une élue du parti Reconquête d’Eric Zemmour. Ces deux groupes devraient rester isolés sur l’essentiel des sujets, comme en a témoigné l’adoption à une écrasante majorité le 18 juillet d’une résolution en soutien à l’Ukraine. Enfin, les élus du parti de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni siègent dans un troisième groupe, ECR, avec les élus polonais du PIS.
En bref, un Parlement européen relativement stable, même si un mouvement vers la droite s’est opéré, dont il est trop tôt pour analyser les conséquences. Et voici pourquoi il existe une vérité à Paris et une autre vérité à Strasbourg.
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